Méditation avec La Fin de Monde Présent de l'Abbé Arminjon
8 mars
PREMIÈRE CONFÉRENCE
DE LA FIN DU MONDE.
DES SIGNES DONT ELLE SERA PRÉCÉDÉE ET DES CIRCONSTANCES QUI L’ACCOMPAGNERONT
.
Veniet dies Domini sicut fur, in quo cœli magno impetu transient.
Quant au monde, dit-Il, la chute du monde aura lieu instantanément et à l’improviste : «Veniet dies Domini sicut fur» (II Pet., III, 10).Ce sera à une époque où le genre humain, plongé dans le sommeil de la plus profonde incurie, sera à mille lieues de songer au châtiment et à la justice.
La Divine Miséricorde
aura épuisé toutes ses ressources et tous ses moyens
d’action. L’Antéchrist aura paru. Les hommes répandus sur tous les espaces auront été appelés à la connaissance de la vérité.
L’Église catholique une dernière fois se sera épanouie dans la plénitude de sa vie et de sa fécondité. Mais toutes ces faveurs signalées et surabondantes, tous ces prodiges seront de nouveau effacés du cœur et de la mémoire des hommes.
L’humanité, par un abus criminel des grâces, sera revenue à son vomissement.
Tournant ses attachements et toutes ses aspirations vers les biens et les grossiers plaisirs de cette terre, elle se sera, comme parlent les Livres saints, détournée de Dieu au point de ne plus voir le Ciel et de ne plus se souvenir de ses justes jugements (Dan., XIII, 9).
Toute foi sera éteinte dans les cœurs. Toute chair aura corrompu ses voies. La divine Providence jugera qu’il n’y a plus de remède. Ce sera, dit Jésus-Christ, comme aux temps de Noé (Matth., XXIV, 77, 38).
Les hommes alors vivaient insouciants, ils faisaient des plantations, ils construisaient des maisons somptueuses, ils se raillaient agréablement du bonhomme Noé, se vouant au métier de charpentier et travaillant nuit et jour à construire son arche ; ils disaient : Quel fou, quel visionnaire !
Cela dura jusqu’au jour où le déluge survint et engloutit toute la terre : Venit diluvium et perdidit omnes.
Ainsi la catastrophe finale se produira lorsque le monde sera le plus en sécurité ; la civilisation sera à son apogée, l’argent abondera sur les marchés, jamais les fonds publics n’auront été plus à la hausse.
Il y aura des fêtes nationales, de grandes expositions, l’humanité, regorgeant d’une prospérité matérielle inouïe, n’aura plus d’espérance au Ciel ; attachée bassement aux plus basses jouissances de la vie, elle dira comme l’avare de l’Évangile : «Mon âme, tu as des biens pour de longues années, bois, mange, amuse-toi...»
Mais, tout à coup, au milieu de la nuit, in media nocte, car ce sera dans les ténèbres, et à cette heure fatidique de minuit où le Seigneur apparut une première fois dans Ses abaissements, qu’Il reparaîtra dans Sa gloire.
Les hommes, réveillés en sursaut, entendront un grand fracas et une grande clameur, et une voix se fera entendre qui dira : «Dieu est là, il faut aller à sa rencontre : Ecce sponsus venit, exile obviam ei»
(Mt., xxv, 6).