Méditation avec La Fin de Monde Présent de l'Abbé Arminjon
16 mars
PREMIÈRE CONFÉRENCE
DE LA FIN DU MONDE.
DES SIGNES DONT ELLE SERA PRÉCÉDÉE ET DES CIRCONSTANCES QUI L’ACCOMPAGNERONT
.
Veniet dies Domini sicut fur, in quo cœli magno impetu transient.
Ces illustres docteurs et ces grands saints ont ainsi parlé, soit parce qu’ils voyaient la foi s’éteindre, et les calamités de leurs siècles s’accroître chaque jour dans de plus effrayantes proportions,
soit parce qu’ils étaient saisis de crainte à la pensée de ce grand jour, et qu’ils voulaient inoculer cette crainte salutaire aux hommes égarés, afin de les ramener à la connaissance de Dieu et à la pratique du bien.
Pourtant on ne peut dire qu’il se soient écartés de la vérité ; ils ont parlé suivant les Écritures, qui, insistant sur cette vérité fondamentale, ne cessent de nous montrer comme imminente la perspective de l’avènement du Juge divin : Prope est jam Dominus.
En cela, les Apôtres et les écrivains inspirés ne nous ont pas trompés, par la raison que les temps ne sont rien pour ceux qui ont franchi les confins de la vie terrestre.
Toute la mesure des siècles, dit l’Esprit Saint, n’est pas plus que le jour qui s’écoule, tanquam dies hesterna quœ prœteriit. De même que, dans le firmament, il y a des étoiles séparées par des myriades de lieues et qui, en raison de leur distance, semblent se confondre et ne former qu’un seul point, quand on les observe de cette terre, ainsi des hauteurs de la vie de Dieu, où nous serons un jour plongés, les temps seront comme s’ils n’étaient pas.
Un an, cent mille ans, des millions d’années contemplées du sein de l’éternité, ne nous apparaîtront
que comme de simples points. Nous les estimerons des durées tellement microscopiques, tellement centésimales, qu’en un sens, elles n’auront entre elles aucune différence que notre esprit puisse apprécier.
En conséquence, il est permis en toute vérité d’appliquer à la résurrection générale comme aux résurrections partielles opérées par Jésus-Christ, cette parole de l’évangéliste saint Jean :
Elle est venue l’heure où ceux qui sont dans les mausolées et dans les sépulcres entendront la voix du Fils de Dieu : Venit hora, et nunc est quando mortui audient vocem Filii Dei, et qui audierint vivent (Jean, v, 27).
Du reste, à la mort, notre sort éternel sera irrévocablement fixé, et le jugement particulier qui doit la suivre déterminera prochainement dans quelles conditions nous figurerons aux assises de la justice divine et le rang qui nous y sera assigné.
En face de cette conclusion inévitable des destinées humaines, les agitations de notre politique ne sont autre chose qu’un vain bruit.
Les révolutions, qui font disparaître les peuples et qui précipitent les républiques et les empires, sont moins que ne l’est sur un théâtre un renouvellement de scène et un changement de décors.
Toutes ces entreprises colossales et ces travaux merveilleux auxquels les hommes occupent leur esprit, et qu’ils conduisent à leur perfection au prix des plus grands sacrifices et des plus périlleux efforts, n’apparaissent que comme une fumée, et sont des œuvres plus fragiles que la toile tissée par l’araignée, et qui, le plus souvent n’a pas la durée d’un jour.