Méditation sur la vie intérieure de la Très Vierge Marie avec Monsieur Olier
: 14 novembre
CHAPITRE
III. PRÉSENTATION ET SÉJOUR DE MARIE AU TEMPLE
RÉFLEXIONS PRATIQUES.
C'est dans cet esprit que la très-sainte Vierge a vécu; et c'est ce même esprit qu'elle a demandé pour vous à Dieu, dans sa présentation au Temple, offrant ses propres dispositions, pour qu'elles servissent de supplément aux vôtres.
Donc, afin de renouveler aujourd'hui la consécration qu'elle a faite alors de vous-même, offrez à Dieu avec foi ces dispositions très-saintes, qui sont toujours vivantes dans l'âme de Marie, par l'opération du Saint-Esprit en elle. Elle vous les abandonne avec amour, comme un bien qu'elle a acquis pour vous; proposez-vous de vivre désormais en union avec elle, comme une parfaite hostie, entièrement et universellement consacrée à Dieu seul. Voilà ce que demande de vous l'oblation, qui est, la première partie de votre sacrifice.
Après qu'on avait égorgé les victimes, et qu'on en avait répandu tout le sang, on les plaçait sur l'autel, où elles étaient consumées par le feu des sacrifices, figure de Dieu lui-même. Ce feu sacré, en s'attachant à la victime et en la consumant, semblait la transformer en lui, la faire passer dans sa propre nature et l'élever au ciel.
Mais n'oubliez pas que la vie qu'elle avait perdue par l'effusion de tout son sang, était la figure de la vie du vieil homme, qui ne peut entrer au ciel, et qui doit périr en vous, par le glaive de la mortification intérieure : car vous n'arriverez jamais à la parfaite union avec Dieu par son saint amour, que vous n'ayez été ainsi immolé. Proposez-vous donc de recevoir avec soumission d'esprit et de coeur tous les coups que l'amour divin voudra bien porter à sa victime, quels que soient les instruments dont il se serve pour l'immoler.
Il avait ordonné que, dans certains sacrifices de l'ancienne Loi, on mit la victime en pièces; qu'on en séparât la graisse, les intestins, qu'on en coupât les pieds, la tête, l'épaule droite, sans excepter même de ce carnage les colombes qu'on lui offrait. C'était une figure grossière de l'immolation spirituelle des chrétiens, qui doivent vivre dans le monde comme des victimes destinées au sacrifice de tout elles-mêmes.
Pour entrer dans ces dispositions, unissez sans cesse votre sacrifice à celui de Jésus-Christ. Marie dans le temple ne le perdait jamais de vue, elle l'avait toujours présent; elle savait que si les hosties matérielles qu'elle voyait offrir avaient devant Dieu une si grande valeur, c'était uniquement à cause de Jésus-Christ, l'hostie par excellence: que ce soit aussi votre occupation habituelle dans l'oblation de votre sacrifice intérieur.
Vous aurez chaque jour, et à chaque heure du jour, à faire à Dieu quelque offrande de vos goûts, de vos inclinations, de votre délicatesse, de votre amour-propre, de votre susceptibilité, de votre volonté, de votre jugement : unissez-vous alors, par Marie, à Jésus, et ce que l'immolation pourrait avoir pour vous d'amertume se changera en douceur; du moins l'amertume que vous ressentirez sera tempérée par la suavité de l'onction intérieure que cette union répandra dans votre coeur.